Il y a deux façons de se situer dans un rassemblement d’hommage ou simplement de mémoire consacré à Althusser. La première insiste sur le caractère ouvert et inachevé de son œuvre, met en avant l’évolution de sa pensée et les transformations de ses concepts et nous invite ainsi à prolonger ce mouvement, à reprendre, tout en les rectifiant, les notions qu’il nous a laissées, à les refondre s’il est nécessaire et à les essayer dans des domaines nouveaux. Bref, nous sommes ainsi invités à nous situer dans la communauté d’un work in progress.
Cette façon n’est pas la mienne. Pour moi Althusser, c’est la fulgurance de quelques textes et l’éclat d’un échec. Cette fulgurance et cet échec, je crois bon de les aborder en eux-mêmes, dans leur pouvoir singulier de séduction et de vertige, de les isoler des corrections et des rationalisations secondaires. Assurément il n’eût pas trop aimé cela, lui qui écrivait dans Pour Marx : « Les brefs éclairs des Thèses sur Feuerbach frappent de lumière tous les philosophes qui les approchent mais chacun sait qu’un éclair éblouit plus qu’il n’illumine et que rien n’est plus difficile à situer dans la nuit qu’un éclat de lumière qui la rompt ». A l’éclat de lumière, insituable dans la nuit qu’il troue, il oppose un acte qui s’exprime parfois poétiquement : ainsi, dans l’article sur Bertolazzi, le franchissement de la porte qui nous sépare du jour. Mais plus souvent s’impose l’image du patient labeur de la théorie et du chantier fraternel.
Il faut pourtant en prendre acte : sur ces chantiers à la conquête du jour nouveau une nuit s’est abattue, plus épaisse, plus impénétrable…
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