Il est des œuvres qui, par leur profondeur et leur lucidité, ont traversé les âges sans rien perdre de leur redoutable actualité. La Fausseté des vertus humaines est de celles-ci. Unique ouvrage de Jacques Esprit (1611-1677), cet essai semble avoir inspiré son protecteur et complice, le duc de La Rochefoucauld, pour ses fameuses Maximes. La postérité retiendra ces dernières, tandis que l’œuvre d’Esprit tombera dans l’oubli durant plusieurs siècles.
Elle n’a pourtant rien à leur envier. Par son analyse d’une remarquable acuité, Esprit s’applique à y démonter les mécanismes des comportements humains, et révèle que les vertus que nous chérissons – la générosité, l’honnêteté, la bienveillance… – ne sont en réalité que des masques dissimulant des intérêts égoïstes et des motivations plus sombres. Portée par une langue d’une clarté flamboyante, La Fausseté des vertus humaines questionne donc l’hypocrisie et les faux-semblants, la vérité et les apparences avec une étonnante modernité.
Cela n’a pas échappé à Pascal Quignard qui signe un éblouissant Traité sur Esprit en guise de prologue à la redécouverte de ce joyau du moralisme français. En déployant une pensée à la fois rigoureuse et poétique, il redonne toute sa portée littéraire et philosophique à l’œuvre d’Esprit.
« Il faut du talent pour faire des livres, mais pour n’en faire qu’un, il faut du génie », déclara Paul Morand lorsqu’il prit place au fauteuil qu’avait jadis occupé Jacques Esprit à l’Académie française. Cet ouvrage ne peut que lui donner raison.
0 有用 X 2025-02-21 08:13:41 浙江
a#伪装的产物 通过模仿美德来掩盖自私、虚荣或利益驱动的本质