Une Réconciliation avec ses origines —— Une brève analyse d’un extrait de la Place d’Annie Ereaux
Annie Ernaux, née le 1er septembre 1940, est une célèbre écrivaine contemporaine française. Ses ouvrages, mêlant l’expérience historique et l’expérience individuelle, sont principalement à caractère autobiographique. En 1983, elle a publié La Place. Ce livre est considéré comme l’une de ses œuvres les plus renommées et est récompensée par le prix Renaudot en 1984. Dans ce livre, l’auteur se souvient de son enfance dans une famille ouvrière et de son père décédé. L'histoire commence par la mort du père, puis effectue un long retour en arrière sur sa vie. L’extrait que je vais traiter dans la suite du texte est situé vers la fin du livre. Commencé par une description d’une photo de l’auteur de seize ans, cet extrait nous montre une rupture entre l’adolescente et sa famille. D’une part, la jeune Annie démontrait une arrogance méprisante envers les gens de son milieu d’origine, y compris son père. Elle les considérait comme « des gens simples ou braves gens » (l.20) qui répétaient « des préjugés » (l.15) clichés. D’autre part, pour son père, sa fille, différente aux filles autour d’elle qui travaillaient tôt et se mariaient tôt, semblait de plus en plus éloignée de lui. Il ne comprenait complètement pas ses intérêts aux études et à la littérature. On voit clairement un déchirement d’identités de l’adolescente: une fille banale du monde ouvrier vulgaire qu’elle était et une fille cultivée d’une société plus élevée qu’elle cherchait à devenir. Toutefois, à travers les analyses des réactions et des sentiments de son père et son introspection, l’auteur essaie de se réconcilier avec son père, avec ses origines et aussi avec elle-même.
La rupture de l’adolescente avec son milieu d’origine, notamment avec sa famille est évidente. Les phrases au début du deuxième paragraphe, « Je n’en descendais que pour me mettre à la table. On mangeait sans parler. Je ne riais jamais à la maison. » (l.7), manifestent bien que la petite Annie et sa famille avaient beaucoup de mal à se partager. La jeune fille rejetait sa famille et son milieu d’origine. La phrase « Mon père est entré dans la catégorie des gens simples ou braves gens. » (l.20) montre franchement son arrogance. Les idées habituelles de son cercle social, celles qu’elle qualifiait de « préjugés » (l.14), lui parassent « ridicules » (l.14). On perçoit que l’adolescente était totalement consciente du décalage entre elle et les autres de son milieu et qu’elle méprisait les derniers. La phrase « Je faisais de « l’ironie » » (l.9) traduit qu’elle, ayant une attitude légère, même sarcastique envers sa famille, ne se souciait pas du tout du décalage avec son milieu. Elle semblait plutôt satisfaite de cette séparation que triste. Tandis que son père, face à l’attitude froide de sa fille, était plutôt perplexe et passif. La phrase « Il n’osait plus me raconter des histoires de son enfance. » dégage l’image d’un homme d’un âge moyen qui est impuissant et craintif devant sa fille. On comprend ainsi que le silence a remplacé le dialogue entre eux. Le mépris de l’adolescente a mis fin à la conversation.
Cependant, dans cet extrait, l’auteur, différente de l’adolescente qu’elle était, essaie de comprendre son père. D’un point de vue extérieur de la situation, elle cherche à expliquer les réactions et les sentiments de son père: son incompréhension, ses craintes, son inquiétude, son impuissance et son amour muet. Avec ces analyses des manières de penser de son père, l’auteur se rapproche de lui à nouveau et atteint finalement à une certaine réconciliation avec lui.
Tout d’abord, le père ne comprend pas l’adolescente et a un respect craintif envers l’univers intellectuel dont il est complètement ignorant. Pour lui, les études ne sont que « une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et ne pas prendre un ouvrier » (l.28). À son avis, le but des études est simplement d’acquérir une ascension sociale.Évidemment, ce n’est pas le cas pour la jeune Annie. L’auteur confirme que les études représentent un plaisir pour elle. Elle écrit « j’aime me casser la tête » (l.29) et « Je lisais la « vraie » littérature, et je recopiais des phrases, des vers » (l.17). Ce qu’elle cherche est d’exprimer son « âme » (l.18). Toutefois, son père a une attitude de respect craintif envers cet univers de sa fille qu’il ignore. « Il se fâchait quand jeme plaignais du travail ou critiquais les cours. » (l.23). Ce n’est pas difficile à comprendre. Pour les gens de bas étage, la vie des intellectuels, bien qu’elle soit incompréhensible ou mystérieuse, est digne et respectable. Ici, on remarque un décalage de langage. L’opposition de langage d’entre eux connote l’inversion de leurs points de vue et la séparation de leur univers. Le discours direct du père en italique « ne pas prendre un ouvrier » est une expression très familière, populaire, tandis que les mots utilisé pour décrire les intérêts de l’adolescente, comme « littérature » et « âme », sont plus intellectuels, même spirituels. De plus, leurs mots employés ne sont plus les mêmes. L’auteur écrit « Le mot « prof » lui déplaisait, ou « dirlo », même « bouquin ». » (l.24). Pour le père, l’univers de sa fille n’est plus l’univers familier avec son langage, ses codes.
Cette rupture inquiète le père. D’une part, il espère que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. C’est important pour lui que sa fille mène une meilleure vie que lui. Mais d’autre part, il sait bien que ce sont justement les études qui vont rendre sa fille de plus en plus éloignée de lui. C’est pourquoi l’auteur écrit que son père avait « toujours la peur ou peut-être le désir que je n’y arrive pas. » (l.24). En écrivant cette phrase, l’auteur essaie de comprendre les sentiments contraires de son père que l’adolescente ne perçoit sans doute pas. D’ailleurs, il s’inquiète pour sa fille. Il craint que sa fille soit « malheureuse » (l.30) ou qu’on la prenne « pour une paresseuse » (l.33). La phrase « On ne l’a jamais poussée, elle avait ça dans elle. » (l.34) démontre que son père s’efforce d’expliquer, de justifier les comportements de sa fille, bien qu’il soit impuissant à la comprendre. On y voit l’amour profond mais muet de son père: ce que la jeune fille cherche à devenir ne conforme pas à son expectative, mais il ne l’empêche pas ; il essaie quand même d’expliquer pour elle d’un ton impuissant.
Quant à la jeune Annie, elle ne s’inquiète pas beaucoup. Contrairement à son père, la jeune Annie s’éloigne délibérément de sa famille. Elle n’essaie pas de comprendre ou de tolérer sa famille. Tout ce qu’elle désire est de s’évader à ses origines et d’entre dans un nouveau monde, « le monde petit-bourgeois » (l.10). Pour entrer dans le nouveau monde, il faut d’abord se couper les liens avec le monde de ses origines, c’est-à-dire le monde de ses parents. La rupture entre monde petit-bourgeois et le monde d’ouvriers de ses parents la force de violemment rejeter le dernier. Les phrases « Je ne riais jamais à la maison. Je faisais de « l’ironie » » montre bien que la fille se détache délibérément de sa famille pour être admise dans le nouveau monde dont la seule condition d’accès, tout comme celle des surboums, « consistait à ne pas être cucul » (l.11).
Pour la jeune Annie, la séparation avec son milieu cucul ou péquenot était nécessaire. Cela étant, aux yeux de l’auteur, les réactions de l’adolescente sont de même ridicules. Elle n’hésite pas à faire de l’ironie.
L’adolescente choisit intentionnellement de s’imprégner des choses qui, à son avis, sont très loin de son milieu social, par exemple, « la « vraie » littérature » (l.17). Les parenthèses montrent que l’adolescente y croit vraiment, mais l’auteur nous présente tout le ridicule de cette affirmation. D’ailleurs, en relisant les discours directs des ouvriers/petits commerçants, « la police, il en faut » et « on n’est pas un homme tant qu’on n’a pas fait son service» (l.14) et le vers que l’adolescente recopiait, « le bonheur est un dieu qui marche les mains vides » (l.19), derrière le contraste superficiel, on remarque aussi une certaine ressemblance. Bien que le premier paraît simple, stéréotypé et le dernier semble plus soutenu, plus élégant, au fond, ils sont tous des clichés ou des idées banales. L’auteur fait de l’ironie non seulement envers des gens simples mais aussi envers elle-même. De cette façon, l’auteur met de la distance avec celle qu’elle a été pour la voir plus clair et pour finalement se réconcilier avec elle-même.
Ce que l’adolescent refuse d’accepter et ce dont l’auteur est consciente maintenant, est qu’il n’est pas possible de se détacher de ses origines. Elle est toujours la fille de son père, d’un homme « simple », « brave ». La métaphore au tout début « Dans le bas, l’ombre du buste de mon père. » (l.5) indique que l’influence de son père fait toujours partie de sa vie. À travers son introspection et la compréhension de son père, l’auteur a finalement atteint à se réconcilier avec son père, avec ses origines et avec elle-même.
La rupture de l’adolescente avec son milieu d’origine, notamment avec sa famille est évidente. Les phrases au début du deuxième paragraphe, « Je n’en descendais que pour me mettre à la table. On mangeait sans parler. Je ne riais jamais à la maison. » (l.7), manifestent bien que la petite Annie et sa famille avaient beaucoup de mal à se partager. La jeune fille rejetait sa famille et son milieu d’origine. La phrase « Mon père est entré dans la catégorie des gens simples ou braves gens. » (l.20) montre franchement son arrogance. Les idées habituelles de son cercle social, celles qu’elle qualifiait de « préjugés » (l.14), lui parassent « ridicules » (l.14). On perçoit que l’adolescente était totalement consciente du décalage entre elle et les autres de son milieu et qu’elle méprisait les derniers. La phrase « Je faisais de « l’ironie » » (l.9) traduit qu’elle, ayant une attitude légère, même sarcastique envers sa famille, ne se souciait pas du tout du décalage avec son milieu. Elle semblait plutôt satisfaite de cette séparation que triste. Tandis que son père, face à l’attitude froide de sa fille, était plutôt perplexe et passif. La phrase « Il n’osait plus me raconter des histoires de son enfance. » dégage l’image d’un homme d’un âge moyen qui est impuissant et craintif devant sa fille. On comprend ainsi que le silence a remplacé le dialogue entre eux. Le mépris de l’adolescente a mis fin à la conversation.
Cependant, dans cet extrait, l’auteur, différente de l’adolescente qu’elle était, essaie de comprendre son père. D’un point de vue extérieur de la situation, elle cherche à expliquer les réactions et les sentiments de son père: son incompréhension, ses craintes, son inquiétude, son impuissance et son amour muet. Avec ces analyses des manières de penser de son père, l’auteur se rapproche de lui à nouveau et atteint finalement à une certaine réconciliation avec lui.
Tout d’abord, le père ne comprend pas l’adolescente et a un respect craintif envers l’univers intellectuel dont il est complètement ignorant. Pour lui, les études ne sont que « une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et ne pas prendre un ouvrier » (l.28). À son avis, le but des études est simplement d’acquérir une ascension sociale.Évidemment, ce n’est pas le cas pour la jeune Annie. L’auteur confirme que les études représentent un plaisir pour elle. Elle écrit « j’aime me casser la tête » (l.29) et « Je lisais la « vraie » littérature, et je recopiais des phrases, des vers » (l.17). Ce qu’elle cherche est d’exprimer son « âme » (l.18). Toutefois, son père a une attitude de respect craintif envers cet univers de sa fille qu’il ignore. « Il se fâchait quand jeme plaignais du travail ou critiquais les cours. » (l.23). Ce n’est pas difficile à comprendre. Pour les gens de bas étage, la vie des intellectuels, bien qu’elle soit incompréhensible ou mystérieuse, est digne et respectable. Ici, on remarque un décalage de langage. L’opposition de langage d’entre eux connote l’inversion de leurs points de vue et la séparation de leur univers. Le discours direct du père en italique « ne pas prendre un ouvrier » est une expression très familière, populaire, tandis que les mots utilisé pour décrire les intérêts de l’adolescente, comme « littérature » et « âme », sont plus intellectuels, même spirituels. De plus, leurs mots employés ne sont plus les mêmes. L’auteur écrit « Le mot « prof » lui déplaisait, ou « dirlo », même « bouquin ». » (l.24). Pour le père, l’univers de sa fille n’est plus l’univers familier avec son langage, ses codes.
Cette rupture inquiète le père. D’une part, il espère que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. C’est important pour lui que sa fille mène une meilleure vie que lui. Mais d’autre part, il sait bien que ce sont justement les études qui vont rendre sa fille de plus en plus éloignée de lui. C’est pourquoi l’auteur écrit que son père avait « toujours la peur ou peut-être le désir que je n’y arrive pas. » (l.24). En écrivant cette phrase, l’auteur essaie de comprendre les sentiments contraires de son père que l’adolescente ne perçoit sans doute pas. D’ailleurs, il s’inquiète pour sa fille. Il craint que sa fille soit « malheureuse » (l.30) ou qu’on la prenne « pour une paresseuse » (l.33). La phrase « On ne l’a jamais poussée, elle avait ça dans elle. » (l.34) démontre que son père s’efforce d’expliquer, de justifier les comportements de sa fille, bien qu’il soit impuissant à la comprendre. On y voit l’amour profond mais muet de son père: ce que la jeune fille cherche à devenir ne conforme pas à son expectative, mais il ne l’empêche pas ; il essaie quand même d’expliquer pour elle d’un ton impuissant.
Quant à la jeune Annie, elle ne s’inquiète pas beaucoup. Contrairement à son père, la jeune Annie s’éloigne délibérément de sa famille. Elle n’essaie pas de comprendre ou de tolérer sa famille. Tout ce qu’elle désire est de s’évader à ses origines et d’entre dans un nouveau monde, « le monde petit-bourgeois » (l.10). Pour entrer dans le nouveau monde, il faut d’abord se couper les liens avec le monde de ses origines, c’est-à-dire le monde de ses parents. La rupture entre monde petit-bourgeois et le monde d’ouvriers de ses parents la force de violemment rejeter le dernier. Les phrases « Je ne riais jamais à la maison. Je faisais de « l’ironie » » montre bien que la fille se détache délibérément de sa famille pour être admise dans le nouveau monde dont la seule condition d’accès, tout comme celle des surboums, « consistait à ne pas être cucul » (l.11).
Pour la jeune Annie, la séparation avec son milieu cucul ou péquenot était nécessaire. Cela étant, aux yeux de l’auteur, les réactions de l’adolescente sont de même ridicules. Elle n’hésite pas à faire de l’ironie.
L’adolescente choisit intentionnellement de s’imprégner des choses qui, à son avis, sont très loin de son milieu social, par exemple, « la « vraie » littérature » (l.17). Les parenthèses montrent que l’adolescente y croit vraiment, mais l’auteur nous présente tout le ridicule de cette affirmation. D’ailleurs, en relisant les discours directs des ouvriers/petits commerçants, « la police, il en faut » et « on n’est pas un homme tant qu’on n’a pas fait son service» (l.14) et le vers que l’adolescente recopiait, « le bonheur est un dieu qui marche les mains vides » (l.19), derrière le contraste superficiel, on remarque aussi une certaine ressemblance. Bien que le premier paraît simple, stéréotypé et le dernier semble plus soutenu, plus élégant, au fond, ils sont tous des clichés ou des idées banales. L’auteur fait de l’ironie non seulement envers des gens simples mais aussi envers elle-même. De cette façon, l’auteur met de la distance avec celle qu’elle a été pour la voir plus clair et pour finalement se réconcilier avec elle-même.
Ce que l’adolescent refuse d’accepter et ce dont l’auteur est consciente maintenant, est qu’il n’est pas possible de se détacher de ses origines. Elle est toujours la fille de son père, d’un homme « simple », « brave ». La métaphore au tout début « Dans le bas, l’ombre du buste de mon père. » (l.5) indique que l’influence de son père fait toujours partie de sa vie. À travers son introspection et la compréhension de son père, l’auteur a finalement atteint à se réconcilier avec son père, avec ses origines et avec elle-même.
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